Les notions clés
Le réseau européen Natura 2000 protège des habitats naturels d’intérêt communautaire, c’est-à-dire des habitats rares, menacés ou typiques de certaines régions biogéographiques du continent.
Bienvenue dans un tour d’horizon des habitats d’intérêt communautaire présents dans les sites Natura 2000 animés par le Parc naturel régional des Ballons des Vosges. Ici, on part à la rencontre des milieux forestiers, agricoles, rocheux et aquatiques et on zoome sur ceux qui sont considérés comme prioritaires à l’échelle européenne.
Les différentes catégories d'habitats
Les forêts : entre production, diversité et régénération
Par ses choix de gestion, l’homme influence la composition des forêts. Dans les sites Natura 2000, une attention particulière est donc portée aux interventions des forestiers pour favoriser la biodiversité.
Les forêts couvrent les deux tiers du territoire du Parc. On en décompte 6 catégories différentes. Chacune abrite une faune et une flore qui lui sont propres et forme un écosystème particulier, structuré selon les variations de l’altitude, du sol et du climat.
Des exemples d’actions financées par Natura 2000 dans les milieux forestiers :
- Mettre en place des îlots de sénescence : apporter une contrepartie financière à un propriétaire pour qu’en échange, les arbres présents dans le zonage ne soient plus exploités pendant plusieurs décennies.
- Entretenir les clairières : garantir des sources de lumière en forêts.
- Les hêtraies-chênaies situées en piémont : le hêtre s’épanouit davantage sur les versants humides de l’ouest et le chêne préfère les secteurs alsaciens moins arrosés.
- Les hêtraies-sapinières entre 500 et 1000m d’altitude : forêts montagnardes riches accueillant une faune emblématique ainsi que des espèces remarquables d’insectes et de flore liées à certaines vieilles forêts.
- Les hêtraies subalpines au-dessus de 1100m : forêts clairsemées et soumises à des conditions climatiques plus rudes.
- Les érablaies sur les versants riches en éboulis : forêts difficiles d’accès, très peu exploitées où cohabitent l’érable, l’orme, le frêne et une flore spécialisée.
- Les pessières naturelles dans les vallons humides et froids : forêts témoins de la présence originelle de l’épicéa dans le massif et refuge pour des espèces sauvages remarquables.
- Les aulnaies-frênaies le long de ruisseaux : véritables forêts-galeries jouant un rôle écologique majeur, notamment dans la filtration de l’eau et la fixation des berges.
Crédits photos : B.Facchi, PnrBV
Les milieux agricoles : cohabitation avec la faune et la flore
L’activité agricole dans les sites Natura 2000 animés par le Parc est marquée par les élevages laitiers avec transformation en fromage mais également par le piémont viticole et les vergers.
Des exemples d’actions mises en place par l’équipe Natura 2000 du Parc dans les milieux agricoles :
- Les contrats agricoles Natura 2000 appelés mesures agro-environnementales.
- Le maintien et la conservation de zones refuge comme les murets et tas de pierres ou encore les haies et les bosquets.
- Les prairies, landes, prés-bois ou pelouses accueillent environ 45% des espèces végétales d’intérêt communautaire prioritaires recensées dans le Parc.
- Les vignobles hébergent des espèces communes comme des espèces protégées. Ils sont des corridors écologiques grâce au maintien des arbres isolés et des petits bosquets.
- Les vergers traditionnels composés d’arbres à haute tige de plus d’1,80m sont essentiels pour les espèces sauvages qui y trouvent refuge et nourriture.
Les habitats rocheux et les grottes : de la verticalité à l’obscurité
Les milieux rocheux et souterrains sont des écosystèmes singuliers où seules des espèces adaptées peuvent évoluer. Même dans ces zones peu accessibles, Natura 2000 veille à préserver l’équilibre entre biodiversité et activités humaines comme l’aménagement touristique, l’évolution des pratiques forestières à proximité ou les recherches scientifiques.
Des exemples d’actions financées par Natura 2000 dans les habitats rocheux et souterrains :
- Organiser la pratique de l’escalade et des autres sports/loisirs liés aux parois rocheuses.
- Protéger et aménager des zones de reproduction, d’hibernation ou de transit des chauves-souris.
- Sensibiliser le public et les pratiquants à travers des panneaux d'information, des chartes de bonne conduite ou des animations nature sur site.
Crédits photos : B.Facchi, PnrBV, F.Schwaab
- Les falaises et parois rocheuses : fruits d’une longue histoire géologique et calcaire constituant des habitats abrupts, peu accessibles et prisés du Faucon pèlerin, du Grand-Duc ou du Chamois.
- Les éboulis : champs de blocs à ciel ouvert jalonnant les pentes raides qui, malgré une apparence inhospitalière, hébergent une végétation remarquable.
- Les grottes naturelles, anciennes mines et autres cavités artificielles : sites d’hibernation, de transit ou de reproduction pour les chauves-souris.
Crédits photos : F.Schwaab, T.Vuano
Les milieux humides et aquatiques : un patrimoine dense et vivant
Certains des sites Natura 2000 animés par le Parc ont notamment été désignés parce qu'ils abritent des milieux humides ou aquatiques : tourbières, ruisseaux, rivières, lacs, étangs, prairies humides, forêts alluviales…
Des exemples d’actions financées par Natura 2000 dans les milieux humides et aquatiques :
- Travaux d’aménagement et d’entretien des berges.
- Accompagnement des propriétaires d’étangs.
- Suivi de la qualité des cours d’eau.
- Les rivières et ruisseaux : refuges d’espèces d’intérêt communautaire comme le Chabot ou la Lamproie de Planer, ils prennent naissance sur des sols granitiques leur conférant des eaux acides et peu minéralisées.
- Les prairies humides et forêts alluviales : véritables réservoirs de biodiversité qui contribuent à la régulation des crues et à la filtration des eaux.
- Les lacs : parfois inclus aux zonages des sites Natura 2000 en raison des espèces qu’ils abritent et de leur utilité dans les haltes des oiseaux migrateurs.
- Le Plateau des mille étangs : milieu emblématique où la gestion durable des étangs par leurs propriétaires privés participe à la préservation de la qualité de l’eau.
Zoom sur cinq habitats prioritaires
Hautes chaumes
Situées au sommet des Vosges, ces vastes prairies exposées au rude climat des crêtes sont issues du défrichement ancien et abritent des plantes remarquables dans un paysage unique façonné par la tradition pastorale depuis des millénaires.
Tourbières
Ces zones humides formées après la dernière glaciation sont de véritables réservoirs de biodiversité, d’eau et de carbone, mais restent fragiles et encore mystérieuses. Des travaux de restauration continuent de s’organiser dans tout le massif des Vosges.
Pelouses calcaires
Sur les collines sèches alsaciennes, ces pelouses riches en orchidées et insectes rares rappellent les steppes et accueillent des espèces venues du sud de l’Europe. On peut y croiser le Lézard vert, le Bruant zizi ou encore la Huppe fasciée.
Ripisylve montagnarde
Ces forêts en bord de ruisseau stabilisent les berges, abritent une flore et une faune remarquable comme le papillon Cuivré de la bistorte. Elles permettent de réguler la température des cours d’eau, de réduire les risques d’assèchement ou encore d’assurer le bon déplacement des sédiments et des poissons, en particulier le Chabot.
Forêts sur éboulis
Accrochées aux pentes pierreuses, ces forêts concernent des surfaces faibles et poussent dans des conditions extrêmes. Elles forment avec les éboulis un habitat précieux et sensible dont la régénération demande beaucoup de temps.