La vie d'un site Natura 2000

En France, Natura 2000 repose sur quatre principes :

  • La concertation pour la gouvernance 
  • Le volontariat pour l'implication des acteurs locaux
  • La contractualisation pour la mise en place d'actions de conservation qui débloquent des contreparties financières pour les propriétaires
  • La prévention pour s'assurer qu'aucune activité ne vienne mettre en danger les objectifs de conservations des espèces et des milieux. 

Cette page reprend des éléments du guide pratique pour les élus développé par la Mission inter-réseaux Natura 2000 et territoires.

Crédits photos : FACCHI Benoit

Gouvernance des sites Natura 2000

La concertation des acteurs locaux

Le comité de pilotage 

Le Comité de Pilotage (COPIL) est l’instance locale de gouvernance du site Natura 2000. Il est mis en place par arrêté préfectoral et incarne la concertation entre les différents acteurs locaux : élus locaux, usagers (agriculteurs, viticulteurs, chasseurs, pêcheurs, etc.), propriétaires et gestionnaires de terrains, associations, services de l’État, experts scientifiques.   

Le COPIL a deux missions principales :

1. Élaborer le document d’objectifs (DOCOB), la feuille de route du site Natura 2000.              
2. Décider des actions concrètes à engager pour atteindre les objectifs de conservation ou de restauration des habitats et des espèces du site.

À défaut, c’est le préfet qui assure cette présidence. Une structure porteuse (ici le Parc naturel régional des Ballons des Vosges) est désignée pour coordonner les aspects techniques, administratifs et financiers de la gestion du site. Le Parc est représenté par un de ses agents, qui devient l'animateur du site Natura 2000. Pour résumer, le COPIL joue un rôle de forum local où se rencontrent et échangent les acteurs du territoire. Il garantit que les enjeux écologiques sont conciliés avec les réalités locales, les usages, et le développement durable.

 

Le document d'objectifs

Le document d'objectifs (DOCOB) est le document de gestion du site Natura 2000. Il définit les objectifs de conservation des habitats et espèces abrités par le site, ainsi que les actions à mener pour les atteindre.    
Il est rédigé en concertation avec les acteurs locaux, sous la coordination du Parc naturel régional des Ballons des Vosges, puis validé par le COPIL et approuvé par l’État (souvent via un arrêté préfectoral).    
 

  • Un diagnostic écologique et socio-économique du site
  • Des objectifs de développement durable
  • Des mesures concrètes de gestion (contrats, chartes, MAEC, etc.)
  • Un dispositif de suivi et d’évaluation

 

Le DOCOB peut faire l’objet d'une mise à jour ou d'une révision complète. Sa mise en œuvre est confiée à l'animateur du site, qui travaille au quotidien avec les acteurs locaux. Le partenariat entre élus et techniciens est essentiel pour allier expertise écologique et connaissance du territoire.

Le volontariat

Entre dialogue et financement incitatif

Natura 2000 repose sur un principe fondamental de volontariat : la désignation d’un site n’impose pas de nouvelle contrainte et les actions prévues dans le DOCOB ne peuvent être mises en œuvre qu’avec l’accord des acteurs locaux concernés qui peuvent choisir de :   
    • Signer la charte Natura 2000 (engagement moral sans contrepartie financière),   
    • S’engager par contrat Natura 2000, avec compensation financière,   
    • Adopter des pratiques via les MAEC, dans le cadre agricole. 

 

Les outils de contractualisation

L’animateur propose, le propriétaire dispose

Pour atteindre les objectifs du DOCOB, plusieurs outils sont proposés :

La Charte Natura 2000


La charte est signée pour 5 ans. Engagement sans rémunération ou surcoût significatif, elle permet à tout acteur local (propriétaire, élu, association…) de contribuer à la conservation des milieux en adoptant des bonnes pratiques écologiques tirées des recommandations du document d'objectifs. 

La charte ouvre également droit à certains avantages, comme des exonérations fiscales (notamment sur le foncier non bâti) et l'accès à certaines aides publiques. 
Exemple : préserver les essences de bois local, entretenir les berges des cours d'eau ou encore limiter les dérangements de la faune lors de travaux en milieux naturels.

Les contrats Natura 2000


Engagements rémunérés, ils permettent de financer des actions favorables à la biodiversité (restauration de milieux naturels, pâturage extensif, entretien de haies, etc.). Comme la charte, ils ont une durée de 5 ans.

  • Les MAEC (Mesures Agro-Environnementales et Climatiques)  
    Ces contrats sont spécifiquement destinés aux agriculteurs et pour les surfaces déclarées à la PAC. Ils permettent de compenser le manque à gagner ou les surcoûts liés aux pratiques mises en œuvre.   
    Exemples : retard de fauche, maintien de l’ouverture de milieux, agriculture biologique, entretien de prairies humides…
  • Les contrats forestiers  
    Comme son nom l'indique, ces contrats concernent les propriétaires ou ayants droits forestiers. Ils encadrent et financent des actions réalisées pour entretenir et gérer la forêt, sans vocation de production.   
    Exemples : la mise en place d'îlots de sénescence, surfaces où les arbres vieillissent et se décomposent pour régénérer la biodiversité.
  • Les contrats ni-ni  
    Ces contrats concernent les milieux qui ne sont ni agricoles, ni forestiers, comme les pelouses sèches, certaines zones embroussaillées ou humides.   
    Exemples : débroussaillage ou pose de dispositifs pour la faune.

Pour résumer


La politique Natura 2000 repose sur un équilibre entre concertation, accompagnement technique, financement incitatif et cadre réglementaire. L’ensemble vise à préserver durablement les milieux naturels tout en tenant compte des réalités humaines, économiques et culturelles des territoires.