La protection de la biodiversité repose sur une connaissance des habitats et des espèces. Les études, inventaires et suivis scientifiques menés par le Parc naturel régional des Ballons des Vosges constituent un socle indispensable : ils permettent de comprendre l’état de santé des écosystèmes, d’identifier les enjeux prioritaires et d’adapter les actions de conservation.
Ces données structurent les plans d’action Natura 2000 et permettent d’évaluer leur efficacité au fil du temps. Elles font aussi du Parc des Ballons des Vosges un acteur de la recherche et de l’expérimentation, au service d’un territoire vivant où la nature et les activités humaines évoluent ensemble.


Suivre les espèces du réseau Natura 2000
Biodi’veille : l’observatoire vivant de la biodiversité du Parc
Pour suivre l’évolution de la faune et de la flore, le Parc des Ballons des Vosges anime Biodi’veille, un observatoire construit en lien étroit avec les associations naturalistes. Il rassemble aujourd’hui plus de 9 500 espèces recensées, dont 193 espèces prioritaires, réparties en 9 groupes taxonomiques. 10 indicateurs permettent de suivre l’évolution des populations et de leurs habitats.

Flora Vogesiaca : protéger la flore des Vosges
Le programme Flora Vogesiaca vise à améliorer la connaissance de la flore du massif grâce à des inventaires ciblés, des prospections et de la formation. À ce jour, 2 122 espèces végétales ont été identifiées, plus de 10 000 photographies alimentent la photothèque, et 22 espèces patrimoniales font l’objet d’un suivi spécifique. Plus de 120 personnes (naturalistes, botanistes amateurs, bénévoles) ont contribué à enrichir ces connaissances.

Un suivi collectif et coordonné
Pour chaque espèce étudiée, il s’agit de connaître les effectifs, les aires de présence, leur connectivité avec les territoires voisins et parfois certains comportements. Les suivis sont menés en partenariat avec les groupes d’études spécialisés (LPO, groupes mammalogiques…), l’OFB, les conservatoires naturalistes, les collègues des réserves naturelles… Parmi les espèces emblématiques suivies, on retrouve l’écrevisse à pattes blanches, le triton crêté, plusieurs espèces de chauves-souris, le lynx ou encore les rapaces rupestres comme le faucon pèlerin.
Ces suivis déterminent où agir et comment optimiser les actions de conservation. Ils servent également d’indicateurs de la qualité des milieux.

Étudier les habitats naturels
Milieux humides : lacs, cours d’eau, tourbières
Les milieux humides jouent un rôle essentiel dans la régulation de l’eau, la biodiversité et la lutte contre les dérèglements climatiques. Le Parc des Ballons des Vosges étudie leur état de santé, leur fonctionnement et leur richesse écologique pour définir des stratégies de réhabilitation.
Une attention particulière est adressée aux tourbières. Véritables réservoirs d’eau, elles représentent aussi l’écosystème terrestre le plus efficace pour le stockage de carbone à long terme.
- repérer les sites prioritaires pour la restauration,
- travailler avec les propriétaires et élus pour co-construire un programme d’intervention,
- préparer les futurs chantiers de réhabilitation avec les partenaires techniques.
Ces études couvrent aussi la biodiversité des lacs, la qualité des cours d’eau et leurs continuités écologiques, essentielles au déplacement des sédiments et d’espèces comme le chabot commun ou l’écrevisse à pattes blanches.

Vieilles forêts : un réservoir stratégique de biodiversité
Les vieilles forêts, laissées en libre évolution, abritent une biodiversité exceptionnelle : arbres centenaires, bois mort, micro-habitats, espèces cavernicoles… La ZPS Hautes Vosges, Haut-Rhin compte déjà près de 4 000 hectares de ces forêts naturelles. Le Parc des Ballons des Vosges travaille à étendre cet inventaire à l’ensemble de son territoire pour identifier les secteurs les plus remarquables, renforcer leur protection et réfléchir leur mise en réseau.
En parallèle, les équipes appuient également les scientifiques qui étudient finement la biodiversité se cachant dans ces milieux, notamment celle des micro-habitats (bois mort, cavités, écorces décollées…). Ces organismes souvent discrets (insectes saproxyliques, mousses, champignons) font partie intégrante du fonctionnement et la richesse écologique des vieilles forêts.

Prairies de fauche : estimer l’impact du grand gibier
Pour comprendre les interactions entre faune sauvage et agriculture, le parc des Ballons des Vosges a mis en place un observatoire de l’impact des cervidés sur les prairies de fauche. Le grand gibier fait partie intégrante de la biodiversité, mais en l’absence de grands prédateurs ou d’une régulation suffisante, des populations trop élevées peuvent affecter la ressource fourragère et s’ajouter aux effets du changement climatique.
Un réseau d’enclos–exclos est donc ponctuellement installé dans des prairies de fauche volontaires des Hautes Vosges et des Vosges du Sud. Ces dispositifs permettent d'estimer la consommation des cervidés et de suivre l’évolution des prairies d’une année à l’autre.

Suivre l’impact des activités humaines
Dans certains sites sensibles, des sentiers peuvent être déviés ou fermés, notamment en période hivernale pour préserver la faune. Ces mesures s’accompagnent de panneaux et d’actions d’information. Pour évaluer leur efficacité, le Parc des Ballons des Vosges utilise des pièges photographiques qui permettent de voir si les marcheurs respectent les fermetures, mais aussi de documenter la fréquentation globale des sites.
D’autres suivis, notamment sur les sommets très fréquentés des Hautes Vosges, permettent de repérer l’érosion des sentiers et d’ajuster la gestion en conséquence.


Des connaissances partagées et participatives
Les observations naturalistes du public viennent enrichir les bases de données et aident à suivre l’évolution du territoire. Les plateformes participatives du Parc permettent à chacun de transmettre ses observations, d’apprendre à reconnaître les espèces et de contribuer à l’amélioration continue des connaissances. Participer.
Illustrations : ©Maud Briand – illustrations-nature.fr
Crédits photos : ©PnrBV








